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Deux ans de guerre en Ukraine : reportage d’un village moldave atteint par des fragments d’un missile abattu

Depuis le début de la guerre en Ukraine, plusieurs missiles et drones russes ont violé l’espace aérien moldave et sont tombés sur le territoire du pays, heureusement sans faire de victimes humaines.

L’incident avec la roquette russe tombée à Naslavcea, dans le nord de la Moldavie, a été le premier. Le calme du village a été perturbée un lundi matin, le 31 octobre 2022. Un missile russe abattu par le système ukrainien de défense aérienne est tombé sur une petite île sur le Dniestr. Des fragments du missile abattu ont endommagé une vingtaine de maisons.

« J’étais dehors, il a survolé le village et puis est tombé là-bas, sur le Dniestr. Bien sûr, nous avons eu peur. La roquette est tombée et a explosé. J’ai vu de la fumée s’élever. Heureusement, seul le toit de la maison a été endommagé  », raconte la retraitée Emilia Ivantsova, âgée de 71 ans. Elle vit seule - son mari est décédé, son fils vit en Russie et sa fille - en Pologne. L’explosion a brisé le toit de sa maison et l’a terriblement effrayée.

Emilia Ivantsova indique où est tombé le missile

Elle est consciente du fait que la proximité de la guerre implique des risques, toutefois, elle n’a jamais pensé à quitter le village : «  Nous sommes entourés par l’Ukraine de tous les côtés. Tout peut arriver. Lorsque des coups de feu sont tirés à Vinnytsa, on les entend ici. Mais tant que c’est calme, nous restons dans nos maisons. Nous n’allons nulle part. Les jeunes sont partis, mais nous, les vieux, nous voulons vivre ici le reste de notre vie ».

Elena Lapalchiouc, âgée de 34 ans, est bibliothécaire à Naslavcea. Née en Russie, elle a déménagé avec sa famille à Naslavcea lorsqu’elle était petite. Elle a trois enfants âgés de 10, 15 et 16 ans. Lorsqu’elle a entendu l’explosion, sa première pensée a été pour ses enfants qui étaient à l’école.

Elena Lapalchiouc

« Il y a eu d’abord deux petites explosions, puis une détonation très forte. Bien sûr, nous avions peur. Je suis tout de suite allée chercher mes enfants à l’école. Franchement, j’ai paniqué. Nous ne savions pas où courir, quoi faire. J’ai ressenti une forte peur. Les enfants pleuraient, ils avaient peur eux-aussi. Nous ne comprenions pas ce qui se passait  », raconte Elena. «  C’est une chose de regarder les infos à la télé, mais c’est tout à fait autre chose quand cela te concerne directement  », constate-elle.

Certains villageois hésitent à parler de la roquette tombée sur leur village. « De nos jours, il vaut mieux se taire  », considère le voisin d’Emilia Ivantsova. D’autres insistent sur le fait que ce fut un missile ukrainien, pas russe.

Un monsieur qui étale des morceaux provenant de ce missile explique : « Nous avons vu que la roquette venait d’Ukraine, mais tout le monde nous dit qu’elle venait de Russie. La Russie est de ce côté-là, mais elle venait de l’autre côté. J’étais dehors avec quatre voisins. Il y a eu d’abord des explosions, puis elle est tombée ». Ce qui lui échappe de dire c’est que son village est entouré de trois côtés par l’Ukraine et donc le missile russe n’aurait pas pu atteindre le village autrement que via l’Ukraine, après avoir été abattu par le système ukrainien de défense aérienne.

Des débris de missile

Le maire de Naslavcea, représentant d’un parti d’opposition, évite de parler à ce sujet, préférant parler des beaux paysages de Naslavcea. A son avis, « la Moldavie est confrontée à des problèmes plus sérieux que l’attaque de missiles »…

Les habitants de Naslavcea craignent que la situation ne se répète, surtout que personne ne leur a expliqué ce qu’ils peuvent faire pour être en sécurité.

« Il faut qu’il y ait un abri, qu’on nous dise où nous cacher dans de telles situations. Je veux me sentir protégée, savoir quoi faire. Je pense que personne ne se sent en sécurité à la frontière. Il nous faut des annonces, des messages, des avertissements, peut-être même des alarmes sonores pour informer les gens afin qu’ils soient en sécurité. Bien sûr, cela peut se reproduire. Parce que la guerre n’est toujours pas finie et qu’on ne sait pas combien elle va durera », affirme la bibliothécaire Elena Lapalchiouc.

Le Dniestr qui sépare Naslavcea de l’Ukraine

Comment vit-on à la frontière de la guerre ? « C’est inquiétant, mais on peut s’habituer à tout, explique Elena Lapalchiouc. On s’habitue aux sirènes, aux explosions, mais… on vit avec la peur. Les gens vont au travail, ils viennent du travail, mais ils ne veulent plus rien faire. Autrefois, ils construisaient, ils effectuaient des réparations, ils organisaient des événements, ils profitaient de la vie. Maintenant, c’est différent… Il y a eu d’abord la quarantaine qui nous a enfermés dans nos maisons, et maintenant c’est la guerre. La vie a changé ».

D’après un article de Natalia Zaharescu publié sur https://www.zdg.md/reporter-special/reportaje/doi-ani-de-razboi-desigur-ca-se-poate-intampla-din-nou-pentru-ca-razboiul-inca-nu-se-termina-si-nu-se-stie-cat-va-continua-reportaj-din-satul-in-care-a-cazut-prima-racheta-ruseas/

Le 27 février 2024

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