Xenia est née dans la ville ukrainienne de Dnipro. Elle a un peu plus de 30 ans et avant la guerre elle était à la recherche d’une activité intéressante. Elle a été mannequin, puis - webdesigner et illustratrice. Dernièrement, elle explorait le domaine de la beauté. « J’avais l’intention d’ouvrir un petit salon de beauté. C’était mon grand rêve. J’avais même commencé à rédiger le plan d’affaires pour le futur salon », raconte Xenia avec un sourire amer.
Quand la guerre a éclaté, elle était à Odessa. Après une semaine d’inquiétude, Xenia a pris la décision de quitter son pays. Pendant la route et puis tout le temps qu’elle a passé à faire la queue pour traverser la frontière, elle se culpabilisait d’avoir trahi ses proches. « Je me disais : comment puis-je partir tandis que mes parents et mes proches restent là-bas ? », raconte Xenia. Mais ses parents ont vite réagi : « Ne t’inquiète pas pour nous. Pars, si tu es en sécurité, nous serons rassurés », lui ont dit ses parents qui aujourd’hui encore vivent dans leur ville natale. Ils ont des chats, des chiens et même un hibou.
A la frontière de Palanca, il y avait beaucoup de monde. Elle a dû faire la queue pendant 6 heures avant de traverser la frontière. Le bus qui transportait les réfugiés en Roumanie, où elle pensait aller, était déjà parti. « Je ne connaissais personne, il faisait froid et je n’avais pas où aller. Les volontaires ont apporté de la nourriture et des couvertures. Il y avait beaucoup de gens avec des enfants et des personnes âgées », se souvient-elle.
Xenia dit qu’une fois arrivée en Moldavie elle a pu voir de ses propres yeux à quel point les Moldaves sont bienveillants et hospitaliers, comment ils ont rejoint leurs forces pour aider les personnes qui ont fui la guerre. « Quelqu’un a apporté un grand chaudron avec du bortsch pour les réfugiés, un autre - de la literie ou des vêtements. Cela m’a vraiment touchée. Les gens aidaient de tout leur cœur », dit-elle.
Ayant pris la décision de rester en Moldavie, Xenia s’est mise au travail. Elle a commencé par aider les réfugiés qui voulaient aller dans d’autres pays à trouver un moyen de le faire. Puis, d’autres jeunes femmes ukrainiennes sont venues et elles ont formé une équipe de volontaires.
Quelques mois plus tard, Xenia a été embauchée par une organisation humanitaire au sein de laquelle elle a été promue au fil du temps. Elle est très heureuse de pouvoir prendre des décisions censées améliorer la vie de ses compatriotes qui vivent temporairement en Moldavie.
« Je me consacre volontiers à ce travail. Ce n’est pas le genre de travail où l’on ferme l’ordinateur à 18h00 pour aller prendre son thé - mon but est d’aider les gens. Je travaille avec des collègues d’Espagne, d’Italie, de Grèce, de France. Ils veulent tous aider les gens et ils n’hésitent jamais de travailler des heures supplémentaires, si besoin. C’est comme une famille unie », dit Xenia.
En même temps, Xenia admet que le dévouement avec lequel elle travaille vient aussi du besoin d’oublier sa propre douleur. « Je me dis toujours : si j’aide ces gens, qui sait, peut-être que quelqu’un aidera mes proches de la même manière. Probablement, c’est un de mes mécanismes intérieurs de défense, dit-elle. La guerre a changé ma vie, mais elle lui a aussi donné un nouveau but – d’aider. Quand on fait de bonnes choses, ce n’est pas pour cueillir des remerciements ou des récompenses. On le fait parce que c’est la chose la plus merveilleuse - rendre le monde meilleur ».
D’après un article de Diana Preașcă publié sur https://www.moldova.org/o-refugiata-din-ucraina-ajuta-refugiatii/
Le 28 décembre 2022