Notre portail va présenter une série de témoignages de quatre étudiants de l’Université d’État de Moldavie, boursiers de l’Agence Universitaire de la Francophonie, qui ont fait des stages professionnels en France, dans des subdivisions d’accueil de la région de l’Ain : le Centre Culturel Aragon d’Oyonnax, le Centre Social et Culturel « Les Épicéas » d’Arbent et le Centre Social et Culturel Jacques Prévert de Bellignat. Nous pensons que ces témoignages seront intéressants pour les jeunes moldaves qui voudraient appliquer pour des stages professionnels francophones, subventionnés par l’AUF.
Partie III : Témoignages d’Igor Pistol, étudiant en IVe année de licence (anglais-français) et d’Alina Rotaru, étudiante en IIe année de master (Communication multilingue, Management interculturel et Langages d’affaires) à la Faculté des Lettres de l’UÉM
Tout d’abord, le fait de passer un mois dans un pays étranger représente beaucoup pour nous et pour notre avenir professionnel. En effet, ce stage nous a confortés dans le choix du parcours à suivre ; il nous a permis de découvrir et de développer nos compétences.
Nous avons intégré avec succès les activités de la subdivision d’accueil - le Centre Culturel Aragon d’Oyonnax - et nous nous sommes facilement adaptés à l’environnement de la médiathèque grâce à nos collègues qui nous ont très bien accueillis et qui nous ont toujours soutenus. Aimer les livres, la musique, le cinéma, n’est d’ailleurs pas du tout un prérequis pour y travailler ; le plus important est d’avoir foi en la culture et d’aimer avoir affaire au public. Cela aide à la naissance d’une passion qui rend l’aventure géniale. Pas à pas, on apprend les astuces de ce travail scrupuleux. Par exemple, quand on travaillait sur la poésie à la médiathèque, on se rendait compte que si le fond était très fourni et intéressant et qu’il y avait plus de monde qui en empruntait qu’on ne le pensait, on n’avait pas besoin d’expliquer en détail les avantages d’un tel choix.
En revanche, il y avait des passionnés de la bande dessinée ou du policier, et comme ce sont les documents les plus demandés, certains estimaient qu’il valait mieux les mettre en valeur, parce que « tout le monde connaȋt déjà tout sur la poésie » (sic). Eh oui, la loi du chiffre (soit du nombre d’emprunts) règne aussi parfois en bibliothèque…
La plupart des usagers étaient polis et enthousiastes et on faisait parfois d’extraordinaires rencontres : une personne qui a les mêmes goûts que vous et avec laquelle vous discutez pendant une demi-heure sur le roman postmoderne ou sur le Tour de France, des enfants qui vous questionnent sur la Moldavie et avec lesquels vous parlez de la Syldavie des albums de Tintin, des personnes âgées qui demandent les titres des dernières éditions des romans policiers, un collectionneur qui se renseigne sur les plus anciens disques de vinyle…
Notre but était, dans ces conditions-là, de partager avec les gens notre amour de la culture et notre conviction qu’elle peut changer le monde. Les caravanes culturelles organisées par le Centre nous ont convaincus, une fois de plus, que lire des livres en public c’est une chance, une possibilité de partager les savoirs avec les gens qui ont soif d’apprendre quelque chose d’intéressant, mais qui n’ont pas toujours le temps de venir à la médiathèque. Les oyonnaxiens appréciaient tout particulièrement ces instants, car cela leur permettait de découvrir plein d’informations nouvelles et, pour reprendre leurs mots, « d’oublier les soucis du quotidien et penser à autre chose ».
Puis, nous avons eu l’occasion de rencontrer des personnes de différentes nationalités et d’échanger avec les jeunes de la ville qui visitaient la bibliothèque. Ainsi, nous avons eu l’opportunité non seulement d’améliorer le niveau de français, mais aussi d’enrichir les connaissances sur la culture de la France. Le milieu social français a été une véritable école pour nous – étudiants étrangers qui manquent de pratique du français à l’oral dans le pays d’origine. Vers la fin du stage, nous nous sommes rendus compte que l’environnement multilingue nous est devenu familier, en quelque sorte. C’était comme si on abandonnait une partie de nous-mêmes dans le mystérieux univers des livres…
Vivement intéressés à la culture française, nous avons eu de même, l’opportunité de voyager et de découvrir les vestiges d’une civilisation ancienne, les coutumes de ce pays et son histoire, revalorisant en nous les qualités humaines, notamment la tolérance et l’ouverture d’esprit.
M. Guy Guenroc, ami des étudiants moldaves en stage, nous a appris, indirectement, que les premières raisons d’un voyage sont d’abord motivées par la curiosité ; découvrir de nouveaux paysages, de nouvelles cultures et de nouvelles personnes. C’est cette soif de découverte qui pousse chaque année des millions de personnes à partir. Il a fait, lui-même, un pèlerinage à St. Jacques de Compostelle, mais ce n’était pas du tout une aventure, mais un travail bien préparé et un accomplissement des rêves et des aspirations d’une personne qui se sent comme une partie intégrante de cet univers sans bornes. Le Crêt de Chalam ou Colomby de Gex, dans le Haut Jura, les lacs Nantua et Genin, la Borne au Lion ou les chemins mystérieux de Viry… ce sont des itinéraires habituels de Guy et il nous les a rendus familiers, sans s’en rendre compte, peut-être !!!
Pour aller plus loin, on évoquerait ici la visite inoubliable du Monastère Royal de Brou, le long chemin vers les endroits par où passait le peloton du Tour de France, la promenade en voiture par l’ancienne capitale de la Gaule, etc.
Tous ces contacts interculturels nous ont permis de créer des ponts entre les cultures et les façons de penser des gens. Anthropologiquement, ils nous ont permis de nous interroger sur le concept de civilisation et de remettre en cause notre place dans la société, ainsi que la condition humaine.
En guise de conclusion, on peut dire que ce stage a certainement répondu à toutes nos attentes. On a eu l’opportunité de s’ouvrir à de nouveaux horizons, de découvrir de nouvelles activités, de vivre des expériences qui nous ont permis d’acquérir un sens critique, un goût et un jugement. Le fait d’immerger dans une autre culture est le meilleur moyen pour y parvenir.
Nous sommes très contents de l’accueil chaleureux dont nous avons bénéficié. Nous nous sommes tellement habitués au travail que nous faisions et aux gens avec lesquels nous travaillions, qu’il était très difficile de partir. C’est bien dommage que le stage fût si court, parce que le temps s’est écoulé si vite. On voudrait vraiment y revenir encore une fois ou … plusieurs fois !
Remerciements :
Les auteurs de ces témoignages expriment des remerciements sincères à M. Guy Guenroc, citoyen d’honneur d’Arbent, grand voyageur et médiateur culturel, pour l’aide précieuse fournie tout au long du stage !
Les remerciements vont également à Mme Oxana Capatina, responsable des relations internationales au DLRCI, pour le soutien administratif, juridique et pédagogique et pour l‘aide fournie lors de l’identification de la subdivision d’accueil. Un grand merci à la vice–doyenne de la Faculté, Mme Viorica Molosniuc, pour la disponibilité de répondre à toutes les questions concernant les documents du dossier, fournis par le bureau du doyen !
Alina et Igor tiennent à remercier l’Agence Universitaire de la Francophonie -BECO de Bucarest et Antenne de Chisinau - représentés par Mme Elena Floroiu, cheffe du projet Insertion Professionnelle (BECO), Mme Roxana Turcanu, responsable de l’Antenne AUF de Chisinau et Mme Olesea Simion, cheffe des projets à l’Antenne AUF de Moldavie, pour l’assistance de qualité, à chaque étape du déroulement du stage. Les subsides accordés par cet opérateur francophone leur ont permis d’avoir un séjour enrichissant en France et de s’initier aux stratégies de travail dans une subdivision d’accueil francophone.
Igor Pistol remercie de tout cœur Mme Svetlana Bondarenco et M. Igor Popovici, représentants de la diaspora moldave en région parisienne, pour les avoir accueillis, lui et sa collègue Diana Grec, dans leur maison de Beaumont-sur-Oise, durant la semaine d’après le stage, leur offrant la possibilité de découvrir la capitale française. Svetlana Bondarenco, ex-étudiante à la même Faculté de l’UÉM, établie actuellement en France, est très sensible aux activités des universités moldaves et soutient avec plaisir les étudiants en stage.
Le 11 décembre 2019