Interview par Victor Eskenasy
Entretien sur la Moldavie avec le politologue Florent Parmentier au Foire du livre de Francfort-sur-le-Main
Politologue et chercheur au Centre d’études européennes de Sciences Po Paris, Florent Parmentier est un des promoteurs enthousiastes de l’intégration européenne de la Moldavie et de l’approfondissement des relations franco-moldaves. Récemment, les éditions parisiennes Non Lieu ont fait paraître son volume „Moldavie. Les Atouts de la francophonie” dans lequel l’auteur plaide, entre autres, pour le développement de la coopération avec la France et infirme les stéréotypes et les préjugés liés à la Moldavie.
Europe Libre : D’où vient cette passion pour la Moldavie ? Comment avez-vous connu ce pays et ses gens ?
Florent Parmentier : Ma découverte de la Moldavie remonte à dix ans. En 2000, j’ai fait un stage à l’Alliance Française, ce qui m’a permis de découvrir un pays avec beaucoup de gens attirants et cultivés qui parlent plusieurs langues. Je me suis alors posé la question pourquoi ce petit pays, inconnu pour les Européens, est de plusieurs points de vue un résumé de l’Europe.
Europe Libre : Quelle activité déployez-vous en ce moment par rapport à la Moldavie ?
Florent Parmentier : Je suis membre d’une association d’amitié franco-moldave (Les Moldaviens) dont je suis le vice-président. Il s’agit d’une association qui s’occupe depuis plusieurs années déjà de la promotion des relations entre la France et la Moldavie. Nous avons plusieurs projets, certains à portée culturelle. Nous avons, par exemple, organisé la mise en scène à Paris d’une pièce de théâtre écrite par un écrivain moldave - „Pasarile tineretei noastre” (« Les oiseaux de notre jeunesse »). Nous avons également une politique d’information sur la Moldavie sur Internet et nous avons de nombreux amis sur Facebook.
Nous avons aussi soutenu certains projets d’ordre politique qui consistent à faire connaître la Moldavie au sein des institutions françaises. Il s’agit, par exemple, du Club Moldavie qui se réunira pour la première fois fin octobre au Palais du Luxembourg afin de mettre en discussion les problèmes de la Moldavie.
Europe Libre : La situation politique en Moldavie, comment la voit-on depuis Paris en tant que connaisseur ?
Florent Parmentier : La situation actuelle en Moldavie est extrêmement intéressante vu l’existence de l’Alliance pour l’Intégration Européenne qui doit affronter l’épreuve du suffrage universel et qui a, à priori, de bonnes chances de remporter les élections, avec la réserve qu’il faudra voir lequel des partis de l’Alliance dominera la scène et, à partir de cela, sur quelles fondations l’Alliance pourrait-elle se refaire. J’ai en vue ici la refonte en termes de portefeuilles ministériels, de compétences, de premier ministre et de président. Quoiqu’il se passe, nous sommes devant les élections du 28 novembre et, en même temps, devant nombreux points d’interrogation sur ce qui va se passer après.
Europe Libre : Les autorités publiques, politiques de France ont-elles un intérêt réel pour la situation en Moldavie ?
Florent Parmentier : Je crois qu’il y a un intérêt croissant pour la Moldavie qui provient surtout des intérêts du milieu économique, car la France est un des plus importants investisseurs en Moldavie. A présent, il y a un aussi intérêt politique qui était initialement limité à la personnalité de Josette Durrieu qui a 40 fois visité la Moldavie. Il n’y a pas beaucoup de politiciens d’Europe qui puissent revendiquer une telle performance et qui puissent faire preuve d’un tel attachement à ce pays ! De ce point de vue, en France, il y a peu de gens qui s’intéressent à la Moldavie, mais ceux qui le font le font vraiment, en profondeur. Et c’est une raison pour être optimiste, car, lorsque des personnes motivées se croisent et collaborent, le progrès se fait voir.
Europe Libre : Vous avez récemment publié un livre sur la Moldavie. Quels en son, brièvement, les thèses liées à la Moldavie ?
Florent Parmentier : Le message principal du livre réside dans le constat qu’il existe en Moldavie une francophonie réelle qui se manifeste y compris parmi les jeunes et qu’une telle histoire doit être partagée pour qu’elle soit vraiment merveilleuse. Le but de mon livre est de permettre aux Français de découvrir la Moldavie en tant que pays francophile et d’aider ceux de Moldavie à réaliser qu’en France il y a peut-être des gens prêts à les aider, mais qu’il faut avant tout les sensibiliser. C’est en fait un appel à une rencontre entre la France et la Moldavie.
Europe Libre : Comment la Moldavie est-elle représentée en ce moment en France, à votre avis, en tant qu’habitant de Paris ?
Florent Parmentier : Le nouvel ambassadeur, Oleg Serebrian, une figure connue sur la scène politique et intellectuelle moldave, va publier un ouvrage en français sur la Mer Noire. Je crois que la Moldavie n’a jamais eu un ambassadeur de sa qualité qui connaît bien la France, qui a fait des études en France, qui a beaucoup voyagé en France, a rencontré beaucoup de personnes parmi les politiciens, les hommes d’affaires et les intellectuels. On peut s’attendre à ce que ses connaissances accompagnent ses activités et on peut lui faire confiance, tout comme à son équipe, pour apporter une modification radicale de l’image de la Moldavie en France.
Entretien publié sur http://www.europalibera.org/content/article/2189850.html
Traduit pour www.moldavie.fr
Le 17 octobre 2010