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Olga Căpățână : « Comment parler de maintien de la paix, quand ceux qui ont commencé la guerre en sont chargés ? »

Olga Căpățână, ressortissante moldave, habite en France depuis près de 22 ans, mais elle est au courant de tout ce qui se passe en Moldavie. Elle est journaliste et écrivaine (auteure de romans, livres documentaires, vers pour enfants et adultes).

En 1992, Olga Căpățână a participé au conflit armé de Transnistrie. Malgré le temps qui s’est écoulé, elle ne peut pas oublier les événements qui se sont passés à Tighina ou à Dubăsari, à Coșnița ou à Cocieri en juin 92.

Olga Căpățână

« Les années ont passé, mais les souvenirs sont toujours vivants, comme si tout était hier. Il y a des choses qu’on n’oublie jamais, car on ne peut pas oublier les gens qu’on a vu mourir… Je ne peux pas oublier rien de ce qui s’est passé alors, raconte Olga. Ces souvenirs sont tellement douloureux que, même en écrivant des romans d’amour, je ne peux pas oublier les événements de Transnistrie - dans presque tous mes romans il y a un chapitre, un paragraphe ou juste un fragment sur cette guerre. Parmi les personnages, il y a toujours quelqu’un qui a lutté en Transnistrie. Je me dis - c’est fini, la guerre est finie, je vis en paix et j’oublie tout, mais ce n’est pas possible de ne pas m’en souvenir  ».

Malgré les plus de trois décennies écoulées après les événements sanglants sur le Dniestr, elle éprouve toujours de la douleur quand elle se souvient du sang versé. La guerre en Ukraine l’a bouleversée : « Depuis le 24 février, l’an dernier, je ne peux ni écrire, ni peindre. Je sais ce que je veux, mais je ne peux rien faire. C’est une situation désespérée, c’est comme un cri coincé dans ma poitrine ».

Quant à la guerre de Transnistrie, Olga Căpățână considère qu’une personne sensée ne pourrait pas comprendre pourquoi du sang a été versé en ’92 : « Le traité sur la dissolution de l’Union soviétique signé en novembre 1991 disait très clairement que toutes les anciennes républiques soviétiques allaient garder leurs frontières existantes au moment de la signature du traité. La Moldavie n’a pas fait de demande d’entrée en Union Soviétique, ni de sortie de l’Union soviétique – elle s’est en retirée comme toutes les autres républiques. Pourquoi cette guerre avait commencé ? A qui et à quoi servait-elle ? Qui est-ce que les Russes aident en Moldavie, qui aident-ils en Géorgie ? Pourquoi la Russie a-t-elle attaqué la Moldavie, un pays qui n’a jamais été un agresseur ? Or, il est clair qu’en 92 les Moldaves se sont battus pour l’intégrité territoriale du pays et contre la Russie, car les chars et tout l’armement provenaient de Russie. Dommage qu’en 1992 je n’avais pas de portable pour enregistrer ou prendre des photos de tout ce qui se passait… ».

Olga Căpățână regrette que, 31 ans après, le séparatisme n’ait pas été éliminé. Elle croit qu’il n’y a pas eu de volonté politique pour le faire : « Ceux qui ont lutté contre la Moldavie et qui ont tué nos patriotes et nos défenseurs sont les bienvenus à Chișinău aujourd’hui, ils fréquent les restaurants, ils parlent, ils n’ont pas peur. La Moldavie ne veut pas de conflit, d’accord, mais il faut faire quelque chose pour les remettre à leur place. Moi, je suis persona non grata en Transnistrie, mais quand d’autres Moldaves qui ont des parents dans cette région veulent y aller, ils sont soumis à des contrôles très humiliants – on arrive jusqu’à les déshabiller ! La Moldavie les accueille sans problèmes – entrez, sortez…  »

Olga considère qu’il serait possible de résoudre le conflit transnistrien si le format des forces de maintien de la paix changeait et les Russes en étaient exclus. « Comment parler de maintien de la paix, si ceux qui ont commencé cette guerre en sont chargés ?  », se demande-t-elle.

D’après une interview réalisée par Valentina Ursu, publiée sur https://voceabasarabiei.md/olga-capatana-eu-sunt-persona-non-grata-in-transnistria-dar-multi-moldoveni-care-au-rude-si-trec-in-partea-cealalta-sunt-controlati-pana-la-dezbracare-iar-moldova-le-da-voie-iesiti-intrati/

Le 7 mars 2023

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