Le livre décrit les tourments d’une personne qui se voit obligée d’habiter une ville sombre et grise, mais qui essaye de surmonter ces malheureux moments, en faisant recours aux souvenirs d’un passé plus heureux et aux sentiments d’amour.
« Ce livre est un hommage à l’amour. Il est dédié à mon mari et à la langue française dont je suis amoureuse depuis mon enfance », affirme Inga Dohotaru.
Voici quelques poèmes extraits du recueil « Du ciel bleu ».
La ville impossible
La fenêtre ouverte sur la cour Les arbres tous pleurent autourDes maisons grises et pas couleur cerise essayent de s’imposer De me fascinerJe cours je ne veux pas rester dans cette rue morose Sous le ciel d’acier sous les étoiles de plombDes passants avancent comme dans les catacombes Et moi j’évite de soulever mes yeuxVers un futur qui m’affronte.Moi je me vois grandir à la hauteur des nuages après Quelques jours je me transforme en fuméeDerrière des générations avancent on les attend à se soulever Elles auront le courage de chercher à connaître la vérité Chaque fois une vague s’élève et les met en dangerIls veulent dépeupler le monde des gens éveillés Des fantômes sans intérêtPassent dans ces rues sur ces pavés.
Amour encore
Amour comme un feu Brasier, s’est-il éteint ?Oui, je m’en souviens, je suis coupable d’avoir rejeté nos aventures par la cheminéeOui, je suis coupable de m’être révoltéOui, contre ce silence et ces persécutions cachées, qui le sait qui les voyait ?On est des rejetés, on est oubliés ici Dans ce pays sans souvenirs ni regretsOn fait ce qui nous semble bon ou mauvais, on fait Qui m’a vu et s’est tu ?Vous cherchez à présent à sortir les souvenirs des cendriers, tandis que le jour même c’était encore un l-o-n-g silenceQuestionnez ces belles années quand nous ne nous sommes jamais parléAllez trouver la réponse dans l’absurde d’une douleur Dans l’impossibleComment pourrais-je vous aider ? Je n’ai pas d’objections J’AIMAIS…
Vérité
C’est un miracle qu’on a inventé la langue française Au moins on pourra dire encore la vérité –Ils font grandir leurs enfants de notre sueur et notre sang ne leur suffit pas pour abreuver leur bétail et ils bâtissent des trônes et des tours et des murs épais s’entourentEt achètent des fauteuils de plumes confortables en nous rendant esclavesNotre pain est sur leurs tables – les serviteurs de quel seigneur ? Et nos paroles sincères se noyant dans la gorgeD’un signe de main ils nous montrent le chemin ; la hauteur de la respirationAu bout du sentier nous attend une vie de paradis, une vraie, disent-ilsMais certains ne voient que la nuitEt nos pas en avançant comme des endormis – c’est quoi au bout de cette nuit ? Encore une tyrannie ?Un despote en philosophant compte encore les âmes pas l’argent avec Staline à côté des morts ressuscités et pardonnésOn n’entend depuis des années aucun mot humain que des menaces et des silencesJe croyais qu’un monde se faisait autrement, pas seulement en prêchant la fin du monde sans salut sans Sauveur ?Sans leurs drogues nous tombons comme des mouches par terre Ils nous dérobent le temps réservé à l’amour et nous couronnent comme au feuQuand une maladie nous attrapeIls ont le pouvoir de nous faire le bien et celui de nous rendre fous…/…De regarder d’en haut notre souffrance et d’en faire un spectacle Ils nous servent du poison en criant que c’est du poisson péché dans le PacifiqueOn m’a pris en otage il y a déjà presque un siècle Et ma jeunesse je l’ai pleurée en prisonLes murs tombés…J’ai préféré ces ruines à la place de leur cortine et de leur farce cachée Où le metteur en scène manque tellement d’idées qu’il place les vies en dangerEt sacrifie les enfants pour son si peu de talentLa pièce dure des millénaires, les spectateurs meurent d’ennuiEt les acteurs ne tiennent plus debout en répétant les mêmes mensongesQuand il faudrait tout simplement dire la vérité de la propre voix de celui ou ceux qui font de notre peau une monnaie pour du pouvoir se procurerEt de mes larmes de diamants à acheter leur paradisJe gaspille mon temps et ma vie à voir leurs bouffonneriesDes femmes tellement intelligentes les applaudissent bruyamment J’ai préparé toutes les armes avec lesquelles je leur fais la guerre C’est une humiliation pour moiJe préfère écouter les rossignols ou les chansons des pies.
Le 5 décembre 2020