Une place forte importante
Certains chercheurs considèrent que l’histoire de cette forteresse tire ses origines depuis le XII-ième siècle lorsque des marchands genevois y fondèrent une zone d’échanges commerciaux. Malheureusement, cette hypothèse ne peut être ni confirmée, ni rejetée, car il est impossible d’effectuer des fouilles archéologiques dans la forteresse qui se trouve à présent sur le territoire contrôlé par le régime séparatiste instauré dans la région de l’est de la Moldavie.
Le noeud douanier sur le Nistru fut pour la première fois mentionné dans un document datant de l’an 1408, par lequel le prince régnant Alexandre le Bon conférait aux marchands de Lvov des privilèges commerciaux. A la fin du XIV-ième début du XV-ième siècles, une ville fut fondée sur la place de l’ancien noeud douanier.
La forteresse de Tighina s’est surtout développée en tant que point défensif sous les règnes de Etienne le Grand et de Petru Rares.
L’invasion ottomane
En 1538, Petru Rares refuse de payer le tribut annuel exigé par l’Empire Ottoman, raison pour laquelle cette même année le sultan turc envahit la forteresse de Tighina. Ce fut l’année de début de la domination ottomane qui dura plusieurs siècles. Les habitants de la ville essayèrent plusieurs fois de se libérer du joug ottoman ; ainsi, pour mettre fin aux révoltes, l’Empire Ottoman déclara la ville de Tighina et ses environs vilayet turc et changea son nom en « Bender » (soit, ville fluviale). Puis, le sultan décida de reconstruire et d’élargir la forteresse. Des paysans de la contrée furent mobilisés pour effectuer les travaux qui s’achevèrent en 1541. Ainsi, la forteresse fut transformée dans un puissant avant-poste défensif. A l’époque, la forteresse constituait un rectangle en pierre entouré de trois côtés d’un fossé très profond. La forteresse avait 12 tours.
A la fin du XVI-ième siècle, les détachements des soldats moldaves entreprirent plusieurs attaques contre la forteresse dominée par les Turcs, mais sans remporter du succès. En été de l’an 1574, l’armée de Ion Voda le Vaillant assiégea la forteresse, en 1595 et en 1600 Mihai le Vaillant fit deux nouvelles tentatives de libérer la forteresse, mais à nouveau - vaines.
Aux années 1705-1707, des travaux importants de consolidation de la forteresse furent effectués sous la surveillance directe du prince régnant Dimitrie Cantemir qui, selon le chroniqueur Ion Neculce, s’impliquait lui-même dans l’exécution des travaux manuels.
Dans sa nouvelle version, la forteresse constituait un ensemble de 10 bastions et 11 tours, entourés traditionnellement d’un fossé de protection.
Après les guerres russo- turques, la forteresse passa sous la domination de l’Empire Russe et les généraux russes considèrent que la forteresse est idéale pour abriter des casernes. C’est ainsi que la forteresse commença à perdre sa destination défensive.
Un patrimoine négligé
Malheureusement, malgré qu’elle soit une pièce importante du patrimoine historique, la forteresse de Tighina (Bender) est aujourd’hui abandonnée et se ruine. Or, comme nous l’avons déjà dit, elle se trouve dans la région contrôlée par un régime séparatiste pour lequel les véritables valeurs n’ont aucune valeur. Dans la forteresse sont déployés des soldats.