Suite au changement du système électoral en Moldavie, le poids du vote de la diaspora a été considérablement réduit. Dans ces conditions, afin que leur vote « pèse », beaucoup de Moldaves établis à l’étranger ont décidé de faire un voyage en Moldavie afin de voter, mais aussi d’expliquer la procédure de vote aux gens simples, car de l’incertitude persiste encore parmi les électeurs, vu la mise en place du système mixte de vote.
Andrei Rudenco habite Londres depuis 2015. Sa femme et ses enfants l’ont rejoint un an plus tard. En Moldavie, il a travaillé dans le domaine du marketing, à Londres, il travaille dans la restauration publique. « Loin de notre pays, nos parents et nos amis nous manquent constamment. D’autre part, chaque fois quand nous revenons en Moldavie, nous avons l’impression que le pays est comme un train stationnaire, tandis que ceux qui le dirigent, au lieu de le faire avancer, le tirent en arrière… », considère Andrei.
Indigné par le fait que le gouvernement moldave a sensiblement réduit le nombre de bureaux de vote ouverts à l’étranger, malgré le fait que plus d’un million de citoyens moldaves vivent à l’étranger, Andrei a décidé d‘aller voter en Moldavie.
« Notre peuple est merveilleux, mais beaucoup de notre compatriotes se laissent encore séduits pas des cadeaux électoraux, en échange de leur vote. On ne réalise pas vraiment l’importance et le poids de leur voix : on leur offre des horloges, mais on leur vole leur temps, leur avenir. Si un parti politique faisait pareil en Grande Bretagne, il serait immédiatement exclu de la course électorale et ses dirigeants seraient tenus responsables. Malheureusement, ce qui se passe en Moldavie montre que nous sommes loin des standards européens… Je souhaite que la Moldavie se développe, c’est pourquoi j’ai décidé de partir voter dans mon pays », a souligné le jeune homme.
Vitalie Cernăuţeanu est comptable. Il a quitté la Moldavie en 2014 pour s’installer en Allemagne. Comme le protagoniste antérieur, il est parti tout seul au début et sa famille l’a rejoint quelque temps après. Il a exercé diverses professions, mais maintenant il est chauffeur dans une entreprise allemande. Il a participé à plusieurs manifestations tenues devant le consulat de la République de Moldavie à Francfort en signe de révolte contre le « vol du milliard » et la modification du système électoral. Cette semaine, il parcourra des milliers de kilomètres pour voter dans sa patrie.
« Cette campagne électorale me semble être la plus sale de l’histoire de la Moldavie. Même le gouvernement communiste n’a pas admis de tels actes répréhensibles. La corruption des électeurs a atteint un maximum, sans que personne ne soit tenu responsable. Il est inacceptable, au XXI siècle, de séduire les gens avec un sac de nourriture, en échange de leur vote ! » s’indigne Vitalie.
Le jeune homme est persuadé que le gouvernement actuel a peur du vote de la diaspora. Plusieurs actions le font croire, y compris, par exemple, le fait que des bureaux de vote ont été ouverts dans des villes où il y a peu de Moldaves, tandis que le nombre de bureaux de vote a été réduit dans des villes avec une forte présence moldave, où de longues files d’attente se sont formées lors des dernières élections.
Vitalie a demandé une semaine de congé pour aller voter en Moldavie. « Parallèlement, pendant cette semaine, je participerai à la campagne « La Moldavie libre » censée informer les électeurs de la procédure de vote. Malheureusement, bien que le système de vote ait été modifié, les autorités n’ont pas suffisamment informé les citoyens de la nouvelle procédure de vote », considère Vitalie. Dans son optique, les élections du 24 février constituent une chance pour avoir un État véritablement démocratique en Moldavie et pour la relance économique.
Tatiana Cretu, établie depuis huit ans en Espagne, viendra voter, elle-aussi, à Chisinau. « J’ai décidé de venir voter dans ma patrie, non pas parce que c’est à la mode d’être antisystème, mais parce que je crois que l’actuel gouvernement a dépassé toutes les limites. Les valeurs européennes ne sont pas prises en compte par les actuelles autorités de Chisinau. Je rentre voter chez moi dans l’espoir que cet état de choses va changer », a déclaré la jeune femme qui appelle la diaspora à se mobiliser pour voter en Moldavie.
D’après un article de Svetlana Corobceanu publié sur http://www.jc.md/vor-traversa-mii-de-kilometri-pentru-un-vot/
Le 17 février 2019