La ballade « Mioriţa » (« L’Agnelle ») est un des plus précieux bijoux légués par nos ancêtres. Chef-d’œuvre folklorique, la ballade « Mioriţa » est considérée comme une des plus importantes œuvres du patrimoine universel. C’est plus même qu’un phénomène folklorique : la ballade est considérée comme la plus subtile et la plus authentique expression culturelle en Moldavie.
La ballade « Mioriţa » fut découverte au XIX-ième siècle par l’écrivain Alecu Russo. Le sujet de la ballade repose sur un cas tragique : dans un cadre pastoral, sont évoqués trois bergers avec leurs troupeaux, un de Moldavie, les deux autres de Valachie. Ces deux derniers complotent de tuer le berger moldave, qu’ils jalousent parce qu’il a "plus d’agneaux,/ encornés et beaux,/ des chevaux superbes/ et des chiens acerbes".
Leur machination est dévoilée au pâtre par une petite brebis - une "agnelle voyante" qui compatit avec son maître : "O, brebis bouclée/ bouclée, annelée". Mais le jeune pastoureau ne se prépare pas au combat et n’est pas du tout effrayé de la perspective de la mort et de l’acte fratricide. Par la même agnelle voyante, il transmet aux deux pasteurs assassins ses dernières volontés : de le mettre en terre "près de vous, mes chères" et de lui mettre son pipeau au chevet pour qu’il continue à leur chanter et elles à pleurer en l’entendant.
Le pâtre recommande à sa brebis : « De meurtre, amie/ ne leur parle mie », mais sur un ton de bonne nouvelle, dis-leur « que j’ai épousé/reine sans seconde/promise du monde » et il décrit son mariage comme la vision d’un cosmos transfiguré, où :
"Qu’au-dessus du trône
Tenaient ma couronne
La Lune, en atours,
Le Soleil, leurs cours,
Les grands monts, mes prêtres,
Mes témoins, les hêtres,
Aux hymnes des voix
Des oiseaux des bois ;
Que j’ai eu pour cierges
Les étoiles vierges".
Et c’est de ce même ton qu’il veut rassurer sa mère :
"… dis-lui, qu’au vrai
J’avais épousé
Reine sans seconde,
Promise du monde,
Dans un beau pays,
Coin du paradis".
« Mioriţa » a traversé des siècles et, tout en défiant l’oubli, éveille des sentiments sublimes et incite à penser au sens de la vie et à l’essence humaine.