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La Moldavie, la Russie et le marché du gaz post-soviétique. Décembre 2005.

Note économie n°10.

La Russie prend acte du fait que les prix bas pratiqués pendant plusieurs années n’ont pas donné de résultats économiques ou politiques tangibles, et donc qu’il faut donc passer aux prix mondiaux. Moscou entend aussi diversifier les pays de transit afin de ne pas faire l’objet de « chantage » ce qui permettra à la Russie de disposer d’un levier d’influence fort pour ces pays. Cette nouvelle donne ne manque pas d’avoir des implications pour la Moldavie.

L’augmentation des prix du gaz

La nouvelle politique énergétique russe comprend deux volets. D’une part, l’augmentation des prix du gaz ne fait pas de doutes, afin de l’élever progressivement vers les prix mondiaux. En revanche, c’est le rythme d’augmentation qui est encore inconnu : un relèvement trop brutal aurait des conséquences économiques néfastes pour les pays de l’ex-URSS. D’autre part, la Russie entend disposer des meilleures capacités de transport possibles (Blue Stream, Gazoduc Nord-Européen).

D’après Alexandre Riazanov, vice-président de Gazprom, le prix du gaz livré aux pays baltes connaîtra une augmentation significative, tout comme celui de la Géorgie et de l’Arménie, allié traditionnel de la Russie dans le Caucase. La Moldavie va payer un tarif assez élevé, même si le groupe gazier consent à maintenir un droit de transit assez important (2,5 dollars les 1000 mètres-cubes par 100 km), qui passe par la Transnistrie.

Le gaz, enjeu stratégique en Europe

Cette question du gaz s’inscrit même dans un espace beaucoup plus large, comme en témoigne l’ouverture de Blue Stream permet de fournir du gaz à l’Europe du Sud (Italie, Grèce) et au Moyen-Orient (Israël). Dans le même temps, le projet de Gazoduc Nord-Européen impliquant l’Allemagne (sous l’impulsion de l’ancien chancelier Schroeder) et la Russie (à l’initiative de Poutine) est largement discuté. Et il sera difficile pour le gouvernement Merkel de revenir sur les engagements de son prédécesseur.

La Pologne et les pays Baltes voient d’un mauvais œil la possibilité de se faire « court-circuiter » par ce gazoduc, tandis que les pays scandinaves sont méfiants quant à ses conséquences pour l’environnement, la mer Baltique étant déjà polluée.

Le gaz dans l’espace post-soviétique

L’énergie occupe aujourd’hui une place essentielle dans les relations russo-ukrainiennes, et plusieurs rencontres ont eu lieu à ce sujet au plus haut niveau de l’Etat. Et ce, d’autant plus que les élections législatives de 2006 se révèlent cruciales pour l’avenir du pays. En outre, la Russie, par l’intermédiaire de Gazprom, cherche à approfondir ses relations avec l’Asie Centrale.

Le prix des ressources gazières dans l’espace postsoviétique est en général sous-évalué : le relèvement de celui-ci est donc économiquement normal, mais politiquement sensible. En effet, on ne peut qu’être frappé par la fluctuation des prix en fonction des facteurs géopolitiques.

La Moldavie face à la nouvelle donne

Tout autant que l’électricité (voir la Note économie n°9), le gaz est un enjeu stratégique pour la Moldavie. En effet, nous avons déjà évoqué sa fragilité en matière de sécurité énergétique. Ainsi, la visite de premier ministre Tarlev à Moscou en décembre avait au moins trois enjeux. Le premier concerne la question de la dette moldave à l’égard de Gazprom. Le deuxième point a pour épicentre l’entreprise Moldovagaz, dans laquelle Gazprom détient la moitié des parts. Enfin, le troisième réside dans la question du prix du gaz. Sur ces trois points, les négociations s’avèrent difficiles.

Florent Parmentier, analyste-politique pour Moldavie.fr

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