Malgré la chaleur torride d’une journée d’août, le forgeron allume le feu, chauffe le fer à 2000 degrés Celsius et commence à le battre, tant qu’il chaud, sur une enclume datant de l’an 1949. C’est son oncle, un forgeron qui travaillait le fer suivant des méthodes traditionnelles, qui a appris ce métier à Vasile quand il n’avait que 14 ans.
En fait, Vasile n’aimait pas trop l’école. Très tôt, il a compris que le forgeage était sa vocation. « J’ai vu que c’était en vain que j’allais à l’école et j’ai décidé de commencer à travailler le fer. C’est comme ça que tout a commencé. J’ai appris les secrets du métier de forgeron moi-même. J’ai 34 ans et j’ai consacré 20 ans au forgeage », raconte Vasile Ulinici.
Tout vient de la curiosité de Vasile et de son intérêt pour le fer et les moteurs. « Je travaille pour le plaisir. J’aime cela. Si je vois quelque part un objet en fer ou un moteur, j’ai hâte de rentrer dans mon « fief » et de me détendre. Je démonte, je nettoie, etc. Tous ces appareils, je les ai trouvés dans un mauvais état, rouillés. Si je commence un travail, mon esprit me dit comment continuer », explique Vasile Ulinici.
Pièces auto fabriquées dans l’atelier du forgeron
Se servant de pinces, de marteaux, d’enclume, de la forge, des limes et d’autres petits outils, Vasile Ulinici fabrique toute une diversité d’objets : des chandeliers, des essieux, des pelles, des charrues, des remorques, des portails, des portes, des haches, des escaliers, des clôtures, des couteaux et même des pièces pour automobiles. « Comment serait-on débrouillé sans un forgeron dans le passé ? », se demande Vasile. « Disons, un clou métallique d’une voiture s’est brisé, mais on n’en produit plus. Le bonhomme vient chez moi avec ce clou brisé et je lui en fais un autre, tout neuf, comme si c’était fait dans une usine. Ou bien on vient avec une pièce rouillée, je la polis et on s’en sert encore 30 ans. Pourquoi suis-je un forgeron ? Pour faire des travaux comme ça ! ».
Dans la cour de Vasile Ulinici il y a un tracteur bleu, fabriqué par lui-même, tout comme une charrue. Un autre véhicule va bientôt sortir de son atelier où, entre autres, on découvre des tableaux en fer sculpté.
Vasile Ulinici a une passion spéciale pour les objets anciens. Par exemple, il a un très ancien marteau automatique qu’il a hérité de ses ancêtres. Dans l’atelier, on retrouve également une icône datant de 1885. « Cette icône a 101 ans de plus que moi. Elle date de 1885. Je faisais un portail et j’ai vu le maître de la maison sur le point de jeter cette icône et je l’ai lui demandée », raconte Vasile.
On voit aussi deux armes accrochées sur le mur. « Un fusil date de 1882 et l’autre - de 1800. J’ai trouvé la partie de métal dans le sol et j’ai fabriqué la partie en bois. Ce sont les premières armes de ma collection, mais je suis jeune, j’en mettrai encore sur le mur », promet Vasile Ulinici. Dans son atelier, il y a plusieurs tableaux en fer sculpté, l’un d’eux datant de 1970.
« Je serai probablement le dernier forgeron »
Vasile Ulinici est sûr qu’il exercera le métier de forgeron jusqu’à la fin de sa vie. « Je ne peux pas faire autre chose. Même si je voulais changer de métier, je ne peux pas. Je travaillerai le fer tant que Dieu me donnera de la santé. Je serai probablement le dernier forgeron », se dit l’artisan.
Vasile Ulinici rêve de transformer un jour son atelier dans une Maison du Forgeron, où il pourrait exposer ses vieilles icônes, ses ouvrages en fer sculpté, les outils spécifiques au métier de forgeron.
D’après un article de Natalia Munteanu publié sur https://gazetadechisinau.md/2020/08/17/povestea-fierarului-din-nisporeni/
Le 26 août 2020