Un récital de grande qualité de Diana Axentii n’a pas eu l’audience qu’il méritait le 9 mars dernier dans la salle d’Orgue à Chișinău dans le cadre du festival Mărțișor interrompu dès le lendemain : le COVID-19 commençait à paralyser les activités du pays et à inquiéter la population. Heureusement, une diffusion le dimanche 17 mai a permis de rendre justice à la performance d’une artiste accomplie. Par la nature de son récital, elle témoignait du rapport culturel historique entre la Moldavie et la France qui malheureusement tend à s’estomper.
Les œuvres étaient toutes issues du répertoire mélodique français. Elles étaient chantées avec une prononciation parfaite par Diana Axentii dont on sait l’origine moldave. Successivement, les auditeurs ont pu entendre des mélodies de Reynaldo Hahn, Georges Bizet, Jacques Offenbach, Claude Debussy, Emmanuel Chabrier, Henri Duparc, Francis Poulenc et Léo Delibes.
Ce qui frappe chez Diana Axentii, c’est son aptitude à se couler dans des styles totalement différents, tout en affirmant sa propre personnalité.
Le timbre est rayonnant. Il se projette avec franchise, traduisant tour à tour des sentiments violents et doux, sans rupture de la ligne vocale.
L’artiste sait exprimer l’humour avec finesse, comme dans « Les Filles de Cadix » de Léo Delibes ou « Ah ? que j’aime les militaires » de Jacques Offenbach, et la fantaisie qu’elle y met n’altère en rien la rigueur rythmique.
Tout à fait à l’opposé on relève d’autres caractéristiques de son art, par exemple dans les quatre œuvres choisies de Claude Debussy : ainsi rendra-t-elle avec beaucoup d’émotion « Beau soir » ; ensuite elle appliquera une très grande variété de nuances dans « Mandoline », puis s’exprimera avec grande douceur dans « Romance » et sera particulièrement subtile dans « Nuit d’étoiles ».
Mais je voudrais souligner combien elle a su exprimer le sublime de la mélodie de « L’invitation au voyage » de Henri Duparc sur les paroles magnifiques de Charles Baudelaire : ce fut peut-être là le sommet du récital.
Le talent de Diana Axentii est évident. La cantatrice porte haut les qualités de l’école française de chant ce qui est une manière de nous rappeler le lien culturel qui unit Moldavie et France.
Article de Gilles Ribardière.
Le 18 mai 2020