Née dans une famille de peintres remarquables – Lidia Arionescu, originaire de Chisinau, et Auguste Baillayre, Tatiana Baillayre a passé son enfance dans un milieu artistique, parmi des couleurs et des chevalets. Plus tard, elle a même épousé un peintre - Gheorghe Ceglocoff.
Or, après le décès de sa mère, son père dédiait tout son temps à l’Ecole de Beaux-Arts de Chişinău.
L’itinéraire géographique de sa vie est assez impressionnant - née à Saint-Pétersbourg, en Russie tsariste (le 13 décembre 1916), elle s’est éteinte à Bucarest, en Roumanie socialiste (le premier janvier 1991).
Tatiana a étudié la peinture aux Ecoles des Beaux-Arts de Chişinău et de Bucarest. En 1929, elle a pris la décision téméraire de faire des études à Sorbonne, mais une année plus tard elle décide d’abandonner l’Université.
Dans une lettre envoyée en octobre 1930 à son père, Auguste Baillayre, elle écrivait :
« Je ne veux pas apprendre à Sorbonne, car je n’ai pas d’argent, ni de temps. Je préfère pratiquer la peinture. »
Un mois plus tard, elle envoyait une autre lettre à son père :
« J’ai décidé de m’occuper sérieusement (comme tu l’as souhaité) de la peinture et de ne pas m’inscrire à la Sorbonne (je n’ai pas les 350 francs nécessaires pour payer la taxe d’études). Je suis allée à l’« École des arts décoratifs » pour me renseigner. L’examen d’admission sera dur – 100 candidats pour les 20-25 places.
Comme le temps est limité, je ne pourrais par me préparer aux examens et aussi apprendre à la Sorbonne, ni travailler dans un atelier (comme je voudrais). »
Paris, le 16 octobre 1930
L’expérience de la vie parisienne a été très dure pour Tatiana Baillayre, ce fut aussi une leçon apprise pour le reste de sa vie.
Tatiana a peint des portraits, des paysages, de la nature morte au crayon, au charbon, à l‘huile, etc. Ses toiles les plus connues sont : Flori -Fleurs (un cycle de 7 tableaux, 1934), Studiu-Etude (cycle, 1934), Schiţă –Esquisse (1938), Nud – Nu (1938), Lăculeţe – Des petits étangs (1938), Cap -Tête (1938) ; Peisaj –Paysage (gravure, 1938), Natură moartă – Nature morte (1938), Puntea veche din Banat – Le vieux pont de Banat (aquarelle), Natură moartă sau statică –Nature morte ou statique (huile), Primăvară – Printemps (gravure en deux couleurs), Chişinău (gravure), Zbor vechi – Vol ancien (gravure), Trandafirii galbeni – Des roses jaunes (aquarelle).
Ses peintures ont été présentées dans le cadre des expositions collectives en France (1931, 1932) et en Union Soviétique (1969, 1971).
S’étant établi à Bucarest en 1937, Tatiana Baillayre participe aux Salons officiels et, à partir de l’an 1948 – aux Salons annuels d’Etat.
En Roumanie, elle a aussi présenté plusieurs expositions personnelles : à Bucarest (1945, 1957, 1964, 1967 et 1971), Reşiţa et Bocşa-Montană (1958). Ses ouvrages ont également fait part des collections d’art roumain exposées en Chine, Union Soviétique, Brésil, Suède, Italie. A présent, on les retrouve au Musée d’Art de Roumaine, ainsi que dans d’autres musées et institutions, tout comme dans des collections privées.
Lorsqu’il caractérisait l’œuvre de Tatiana Baillayre, le critique d’art Octavian Barbosa écrivait : « … Des peintures de facture postimpressionniste, avec des ambitions d’innovation moderniste, soutenues par une certaine profondeur affective, transposée dans les paysages et les portraits avec une délicatesse lyrique ».
Des tentatives de ramener à Chişinău des toiles de Tatiana Baillayre ont été faites il y a quelques années, mais la bureaucratie s’est avérée plus forte que le désir de faire rentrer en Moldavie l’héritage artistique qu’elle nous a légué.
D’après un article de Iurie Colesnic publié sur http://www.timpul.md/articol/in-culisele-istoriei-o-chiinauianca-la-paris-82303.html